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plus l’inquiéter ou l’émouvoir ; elle avait maintenant bien d’autres dangers à braver, et de plus sérieux.

Si elle avait été libre, elle aurait pris une chambre dans une maison meublée ou dans une pension bourgeoise, ce qui eût été beaucoup plus simple et beaucoup plus facile pour elle ; mais quand on est fille de magistrat on a maintes fois entendu parler des lois de police qui régissent les maisons meublées ou les hôtels, et l’on sait que c’est là qu’on s’adresse tout d’abord pour trouver les gens qu’on recherche ; il ne fallait pas que son oncle la trouvât.

Elle se logerait donc chez elle dans ses meubles, ce qui, en changeant de nom, rendrait les recherches presque impossibles.

Après avoir marché pendant trois heures dans les rues les plus tranquilles de Batignolles, et monté cinq ou six cents marches, elle trouva enfin dans le quartier qui s’incline vers la plaine de Clsoliv, cité des Fleurs, au dernier étage d’une modeste maison, une chambre et un cabinet qui étaient vacants et à peu près habitables.

Les deux pièces étaient mansardées ; mais, par la fenêtre de la chambre, on apercevait un coin de campagne par-dessus des cheminées d’usines, et, tout au loin, un horizon qui se confondait avec le ciel. Cela coûtait deux cent quarante francs par an ; et, comme elle arrivait de la province sans pouvoir indiquer quelqu’un chez qui on pouvait prendre des renseignements, on lui fit payer un terme d’avance.

Elle n’avait plus qu’à acheter les meubles qui lui étaient indispensables : un lit avec sa literie, une chaise en paille, quelques objets de toilette et cinq ou six us-