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mettre à l’abri de vos reproches. Si je n’avais craint de faiblir en face de vous qui l’un et l’autre m’avez témoigné, en ces dernières circonstances, une tendresse si douce à mon cœur, est-ce que je ne me serais par expliquée franchement au lieu de vous écrire cette lettre que mes larmes interrompent à chaque ligne ?

« Permettez-moi de vous embrasser tous deux et laissez-moi vous dire que je vivrai avec votre souvenir et avec la pensée de rester digne de votre affection, si vous voulez bien me la conserver.

« MADELEINE HAUPOIS »

Cette lettre achevée, il lui en restait une autre à écrire, car elle ne voulait pas sortir de cette maison où elle avait été amenée par Léon, sans qu’il fût prévenu de son départ.

Mais avec lui aussi elle ne pouvait pas tout dire.

« Tu m’as fait promettre de t’écrire, mon cher Léon, dans le cas où l’on me parlerait de mariage. On m’en a parlé. Ton père et ta mère m’ont demandé de devenir la femme de M. Saffroy. Comme je ne puis pas l’aimer, j’ai refusé malgré les instances de mon oncle et de ma tante qui, je te l’assure, ont été vives.

« Si je ne t’ai pas appelé à mon aide comme je t’avais promis de le faire, c’est que j’ai été retenue par cette considération que tu ne pouvais venir à mon secours qu’en te mettant en opposition avec ton père et ta mère, en les blessant, en te fâchant avec eux peut-être.

« Je dois me défendre seule, et pour cela je n’ai qu’un moyen : quitter cette maison et vivre de mon travail.

« Pardonne-moi de ne pas te dire où je me retire ; je