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Mme Tallien, passe devant Sophie Liottier sans même la regarder, et s’éclipse. Dans le boudoir de Mme Fonfrède, on renoue la ceinture antique de Joséphine qu’on lui avait ôtée, et Mme Tallien fait remarquer à sa jeune amie l’unique présent de noces de Bonaparte à sa femme : un simple collier où des chaînes de cheveux s’attachaient à une plaque d’or émaillée, sur laquelle on lisait : Au Destin !

Sophie Liottier a écouté avec un intérêt visible la conversation de Mme Hamelin, et ri de ses bons mots : sensible à ce petit succès, la Merveilleuse la considère d’un air bienveillant, et la jeune femme rentre chez elle avec le désir de retrouver bientôt la spirituelle créole[1].

Lorsque Bonaparte est promu divisionnaire après avoir canonné les royalistes sur les marches de Saint Roch, elle la rencontre à nouveau chez les Tallien.

Mme Tallien, au début, a éprouvé quelque peine à former un salon. On était trop près de la Terreur. Elle réussit cependant à attirer les députés et les banquiers que connut son père, puis des fournisseurs d’armées, le tout panaché de gens de lettres et d’artistes. Chez elle on dîne, on soupe, on fait de la musique, on joue gros jeu. Elle habite une petite maison de campagne plutôt que de ville. cette fameuse Chaumière, simple d’apparence, ornée

  1. Sophie Gay : Constitutionnel, 8 mai 1851 ; Salons célèbres, p. 266 ; les Malheurs d’un amant heureux, I, p. 166. — Marquiset : Une merveilleuse, Madame Hamelin, Paris, 1909, in-8°, p. 99. — Turquan. la Citoyenne Tallien, Paris, sans date, in-8°. — Journal de Paris, an X, iv, p. 1949.