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née le 6 décembre 1793, en pleine Terreur ; Euphémie, née le 21 septembre 1795 ; Emma-Sophie, née le 2 avril 1798, et morte en bas âge[1]. À défaut d’actes de l’état civil, ces prénoms harmonieux suffiraient à dater les personnages qui les portent. Lorsque Aglaé et Euphémie viennent au monde, on ne peut songer à les faire baptiser ; il faut attendre pour cela des temps meilleurs : la cérémonie est retardée jusqu’au 21 novembre 1798 ; on la célèbre dans un petit village du diocèse de Versailles, à Saint-Martin-de-Sevran, près Livry ; les deux baptêmes ont lieu en même temps. Sevran était la paroisse à laquelle ressortissait Fontenay-le-Bel, où les Liottier avaient leur maison de campagne.

Peu après la naissance de sa première fille, le 29 du même mois de décembre 1793, Sophie Liottier perd sa mère, âgée seulement de quarante-neuf ans, et succombant à un cancer. C’est son premier deuil. Il se mêle à tant d’autres qui alors oppressent la société française. Quelles inquiétudes tenaillent la jeune femme ! Un frère en prison, son cousin Blottefière de Viéville à l’armée de Condé, elle-même figurant sur la liste des suspects[2] ! Par bonheur, elle et les siens doublent sans autre malencontre le cap dangereux. Le 9 thermidor permet à tous de respirer, de se reprendre à vivre. On se rue au plaisir. C’est « un bruit, un mouvement perpétuel,

  1. Les renseignements d’état civil sont tirés des actes de l’état civil, des registres de catholicité, et des archives de la famille Enlart.
  2. Sophie Gay : Madame Hamelin, art. nécrol. du Constitutionnel, 8 mai 1851.