Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/343

Cette page n’a pas encore été corrigée

perçant, parfois dédaigneux, partant d’un œil auquel un petit trait donnait un caractère qui le faisait reconnaître à ne point s’y méprendre. La parole nette et l’accent ferme dénotent une intention bien arrêtée. D’une bravoure peu commune, d’un sang froid imperturbable, il dirige une volonté de fer vers le but qu’il s’est fixé. Le 20 février 1831, il va pour la quatrième fois sur le terrain. S’il montre de la fierté dans l’habitude de la vie, il charme dans l’intimité. Dès cette époque, il est journaliste dans l’âme. « Il est journal, il a toujours été journal, il mourra journal », a dit de lui Auger. Et Arsène Houssaye conte que, surpris une nuit par le coup de sonnette inhabituel du mari de la comtesse L… K…, dont il était l’amant, il s’écria désespéré :

— Ô mon Dieu ! Je suis sûr qu’on vient me chercher parce que les machines ont sauté !

Il est prudent de se méfier des anecdotes racontées par Arsène Houssaye ; si celle-ci n’est pas vraie, elle fait image, et l’image n’est sûrement pas fausse[1].

Émile de Girardin est affilié à la jeunesse dorée. Il fréquente chez Alfred Tattet, où il rencontre des financiers et des industriels qui se nomment Ternaux, les frères Mosselmann, Feray, Sallandrouze Lamornaix, Edouard Manuel, les frères Bocher, et dans un autre ordre d’idées des hommes comme Arvers, Musset, Guttinguer, Roger de Beauvoir, Achille Bouchet, Nestor Roqueplan, Alfred Arago,

  1. Duc de La Rochefoucauld-Doudeauville : Esquisses et portraits, Paris, 1844, trois volumes in-8°, II, 95. — Le Figaro, 2 avril 1854, rappelant celui de 1828. — Auger : Mémoires, p. 366. — Bassanville : Salons d’autrefois, III, 136. — Le Voleur, 20 février 1831. — A. Houssaye : les Confessions, VI, 352.