Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/31

Cette page n’a pas encore été corrigée


I


Le sixième jour du mois de pluviôse, l’an XII de la République française, c’est-à-dire le 26 janvier 1804, un peu avant onze heures du matin, trois hommes sortaient de la maison qu’occupait, rue Saint Adalbert, à Aix-la-Chapelle, le receveur général du département de la Roër. L’un d’eux était M. le Receveur général lui-même, Jean-Sigismond Gay, un grand et solide gaillard de trente-six ans ; le col de son habit à boutons de métal lui montait à la hauteur des oreilles ; de grands revers largement décolletés découvraient son gilet blanc ; la cravate blanche engonçait le cou, non moins que le faux-col aux cornes rigides, entre lesquelles un créneau dégageait le nez et la bouche. Cette bouche était singulièrement fine, le nez bien dessiné ; deux grands yeux bleus éclairaient le visage, encadré par les boucles des cheveux ramenés en avant, et par les nageoires alors à la mode. Cette physionomie éveillait la sympathie et décelait la bonté[1].

  1. Miniature appartenant à Mme L. Détroyat.