Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/308

Cette page n’a pas encore été corrigée

mais aujourd’hui on ne veut à aucun prix d’une invasion, et il n’y en aura pas. Il n’y a rien qui soit plus puissant que la France après quatorze années de paix. On ne hait pas la dynastie ; autant celle-là qu’une autre, plutôt celle-là, même. Après tout, qu’on la détruise, cela m’est égal. Vous croyez que c’est une dispute de places, vous vous trompez. Ce sont là des opinions que vous rapportez du faubourg Saint-Germain : c’est ainsi qu’on parle dans ses salons. Non, la liberté y est pour quelque chose.

» Mme Gay. — J’aime mieux la liberté que ceux qui font des phrases en sa faveur ; mes actions l’ont prouvé. Je ne suis pas du faubourg Saint-Germain et ne veux pas en être. Vous y allez plus que moi.

» Villemain. — Permettez-moi de vous dire que vous n’entendez rien à la politique, et brisons sur ce sujet ; car nous avons des opinions diamétralement opposées.

» Mme Gay. — Elles sont opposées, parce que je suis patriote, moi, et que j’en puis mieux raisonner que quelqu’un qui a beau avoir plus d’esprit que je n’en ai. Tous mes amis sont des libéraux, et dans la Révolution j’ai caché et sauvé plus d’un proscrit. Pontécoulant, qui sort de chez moi, qu’est-ce autre chose qu’un des plus anciens amis de la liberté ?

» Villemain. — La citation n’est pas heureuse, et souffrez que je vous le dise. Si M. de Pontécoulant avait gardé toujours son caractère noble et ferme, il n’aurait pas accepté une place de M. de Villèle.

» Mme Gay. — Quand on a été le confident et l’instrument de M. Decazes, on a bonne grâce à traiter ainsi un de mes amis. Il semble que vous