Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/306

Cette page n’a pas encore été corrigée

Des bouleversements politiques, littéraires et artistiques, caractérisent l’année 1830. Une extraordinaire effervescence règne dans les esprits. Une sève de vie nouvelle circule impétueusement dans le corps social. « Tout germe, bourgeonne, éclate à la fois. » Voici d’une part « des jeunes gens intelligents, hardis, décidés, habiles chiens de chasse, ardents oiseaux de proie » ; ils traitent de chimère ou d’exaltation romanesque « cette intime conscience qui rend incapable de tromper, d’être ingrat, de se montrer servile envers le pouvoir et dur pour le malheur ». Voici d’autre part des êtres fous de lyrisme et d’art, qui croient à un mouvement pareil à celui de la Renaissance, qui se flattent d’avoir d’avoir retrouvé « le grand secret perdu », c’est-à-dire la poésie. Ceux-ci méprisent l’argent. Le sort d’Icare ne les effraie pas, et ils crient « Des ailes ! Dussions-nous tomber dans la mer ! ».

L’exaltation des cerveaux, des dissidences ardentes, provoquent des brisures dans les relations, et rompent de vieilles amitiés. Dans sa lettre du 25 janvier 1830 à Delphine Gay, Lamartine écrit : « Je ne comprends pas comment M. Villemain a

    Lamartine à l’Académie française, dans Revue des Deux-Mondes, 15 septembre 1916, p. 303. — Lamartine : Poésies diverses dans les Harmonies poétiques et religieuses, Paris, 1856, in-12, p. 222, et Lettres échangées entre Delphine Gay et lui, dans Correspondance, II, 149-159. — Lettre de Lamartine au vicomte de X…, dans l’Intermédiaire des chercheurs, LXXXI, 326. — Lettre de Goschler à Thiers, 23 mai 1848, Bibl. Thiers, 4°, mss. 32. — Imbert de Saint-Amand : Madame de Girardin, p. 15-26. — Bouchot : le Luxe français sous la Restauration, p. 281. — Le National 3 avril 1830.