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ne la dota pas d’un beau physique. On les appelle la belle et la laide, ou encore « Sophie de la parole », et « Sophie de la musique », parce qu’elles ont collaboré. J’ai vu chez Mme Détroyat deux ravissantes petites tasses, du plus pur style empire : l’une représente un amour qui couronne un cahier de musique, avec une lyre derrière lui, et ces paroles en exergue : « Elle fait plus de deux jaloux ». Les Deux Jaloux sont un opéra-comique de Sophie Gail. L’autre représente une vue du château de Frankenberg, sous laquelle on lit un couplet de romance et des portées de musique ; en pendant à cette vue, le buste d’un personnage vêtu d’un uniforme militaire ; Sophie Gay pour les paroles, et Sophie Gail pour la musique, ont composé une romance, le Château de Frankenberg, qu’elles ont dédié à S. A. R. le prince Charles de Prusse.

L’helléniste Gail est un fort savant homme, qui mit sa science au service des Merveilleuses le jour où, supprimant la poche de leur vêtement, elles rétablirent l’usage de l’escarcelle, qu’elles ne veulent pas appeler par son nom. Comment disait-on en grec ? « Balantine », répond Gail sans hésiter. Et voilà « balantine » à la mode, en attendant le règne de « réticule ». Bien que parrain d’un accessoire de la toilette des femmes, il ne s’entend guère avec la sienne. Après quelques mois de mariage, le ménage se sépare. Sans fortune, très musicienne, Sophie Gail utilise son talent, accompagne Garat, voyage, donne des concerts en France et à l’étranger. Chanter la romance