Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

admiration depuis le roman de Delphune, tombe dans un état de santé présageant sa fin. Les médecins ordonnent la campagne ; les forces de la malade ne lui permettent pas de supporter les fatigues du transport. Elle demande à Sophie Gay de lui louer le rez-de-chaussée de sa maison qui donne sur un jardin bien exposé, et procurera à la malade le calme et le bon air dont elle a besoin. Après un premier refus, Sophie Gay cède aux instances personnelles du baron de Staël, si bien que c’est dans sa chambre, dans son propre lit, que Mme de Staël rend le dernier soupir, le 14 juillet[1]. Quant à elle, retirée dans sa maison de campagne de Villiers-sur-Orge, elle écrit à sa fille Euphémie Enlart : « La mort de mon beau-frère et celle de Mme de Staël m’ont causé assez de tristesse pour en être un moment accablée ». Mais une vague de tristesse ne saurait engloutir sa débordante activité, son besoin de mouvement et d’action. Elle s’attelle à un roman, les Malheurs d’un amant heureux, qui paraît avec succès en 1818, et, la même année, elle aborde le théâtre[2].

Depuis le Directoire, elle connaît Edme-Sophie Garre, fille d’un médecin-major de l’École royale militaire, devenue Sophie Gail par son mariage en 1794 avec le célèbre helléniste de ce nom. Sophie Gail a un an de plus que Sophie Gay[3]. La nature

  1. Edm. Biré : l’Année 1817, p. 243, citant un article de S. Gay sur Mme de Staël dans le Plutarque français, édit. par Mennechet, Paris, 1847, in-8o, ill., VI, 255. — Comte Molé : Mémoires, dans Revue de Paris, 15 décembre 1923, p. 732.
  2. Lettre de S. Gay à Euphémie Enlart, 18 août 1817, arch. Enlart.
  3. Sophie Gail, née le 28 août 1775, morte le 24 juillet 1819.