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ner à Amélie un époux de son choix. La Jeune fille ne voulut accepter qu’après avoir écrit une nouvelle lettre au colonel de Galbois. La première qu’elle expédia ne parvint pas à destination. Elle apprit que son héros avait reçu une blessure, et se trouvait à l’armée de la Loire. Dans une longue lettre du 26 décembre 1815, elle entrait dans le détail de son existence, lui apprenait qu’elle s’était confiée à sa marraine, et terminait ainsi : « Je connais son cœur, elle ne veut que mon bonheur, et je suis sûre que non seulement je n’ai pas d’obstacles à craindre d’elle, mais qu’elle fera son possible pour aplanir ceux qui pourraient s’élever du côté de la cour d’ici. Vous voyez avec quelle franchise je vous parle, Victor ; j’espère que vous en ferez autant. J’attendrai votre lettre avec la plus vive impatience ; elle me dira si je suis destinée à être heureuse en partageant le sort de mon ami, quel qu’il soit, ou bien si je suis condamnée à unir mon sort à un être qui est étranger à mon cœur. »

Pareille missive appelle une réponse décisive. Galbois, perplexe, se dit qu’une femme experte en psychologie féminine et mondaine peut lui donner un utile conseil ; le nom de l’auteur d’Anatole se présente aussitôt à son esprit ; justement, un de ses bons amis est des intimes de Sophie Gay : intermédiaire tout trouvé. Sophie Gay, promue docteur ès sciences amoureuses, examine les faits de la cause, et rend sa sentence : « Je suis si fière de l’honneur que vous me faites, mon ami, en me demandant un conseil pour votre intéressant colonel, que j’ai presque envie de vous répondre avec toute la gravité