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intérêt, aussi, à écouter la parole d’un personnage qui passe sa vie dans l’intimité du grand homme, et qui sait causer en homme du monde et en lettré ! Quelle saveur il donne à une simple anecdote datant de l’armée d’Italie : les soldats rient de voir leur chef les commander avec son petit chapeau râpé, déformé, imprégné de la poussière des batailles ; ils se cotisent pour lui en payer un neuf, et le général Bonaparte s’amuse de cet hommage, qui le flatte.

Maret a les poches pleines de lettres de soldats dans le goût de celle-ci : « Votre Majesté est trop juste et connaît trop bien mon oncle Eustache pour croire qu’il me donnera jamais un sou du bien de ma mère, à moins que je n’aille au pays lui parler de la bonne encre. C’est pourquoi il me faut un petit congé. » Quand par hasard une de ces lettres tombe sous les yeux de l’empereur, il est rare qu’il n’y fasse pas une réponse favorable.

Son séjour à Aix-la-Chapelle dure une semaine. Le 11 septembre, à cinq heures du matin, il se met en route pour visiter le nord du département de la Röer. Le lendemain 12, l’impératrice part à son tour pour Cologne où elle doit le rejoindre, et où les dames qui prétendent à la présentation s’exer cent à des révérences compliquées et comiques[1]. Cette visite a lancé Aix-la-Chapelle comme ville d’eaux. Les séjours qu’y feront les membres de la famille impériale augmenteront sa vogue.

La préfecture est presque chaque année palais impérial ou palais royal. En août et septembre 1806,

  1. Baronne de V[audey] Souvenirs du Directoire et de l’Empire, p. 47. — Moniteur, an XIII, p. 70. — Alissan de Chazet : Memoires, III, 41.