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chaux en herbe, qui jouent à la bouillotte tout en se racontant des histoires. Un soir, voilà Picard au désespoir : son jeune premier, Clozel, beau, pré somptueux et galant, admis dans une maison de la ville, fait la cour à la maîtresse du lieu ; il ne remarque pas la jalousie d’un ami de la dame. Ce dernier surprend un rendez-vous donné pour le lendemain dans un bois voisin. Pour l’empêcher sans scandale, il a recours à la pharmacie, et laisse tomber deux grains d’émétique dans la tasse de thé de Clozel. L’avantageux jeune premier absorbe la boisson, se sent mal, et se croit beaucoup plus grave ment atteint qu’il ne l’est en réalité. À cette nouvelle, Picard s’affole : le jeune premier doit jouer le soir même dans la seule représentation à laquelle assistera l’empereur. Que faire ?

Picard s’indigne des rires qui accueillent son désespoir. Sophie Gay lui conseille de confier l’histoire au secrétaire des commandements de l’impératrice ; Deschamps la contera à Joséphine, qui ne manquera pas d’en amuser l’empereur, et sûrement tout ira bien. En effet, on voit M. de Rémusat se rendre au domicile de Clozel ; il vient prendre de ses nouvelles… de la part de l’empereur, sans nul doute. Électrisé par ce témoignage d’intérêt, Clozel jouera, mort ou vif. Et jamais le rôle de Rifflard ne fut mieux tenu, et jamais il ne fit rire le public d’aussi bon cœur.

Sophie Gay adore veiller. Elle veillerait, dit-elle, même avec des ennuyeux, si les ennuyeux aimaient à veiller, ce qui ne s’est jamais vu. Maret la ravit chaque fois que son arrivée prolonge la soirée. Quel