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LA COMPAGNIE PERPÉTUELLE DES INDES

lesquels il avait traité, connaissant la cause qui l’empêchait de remplir ses engagements, consentirent à attendre des temps meilleurs. Ce fut avec leur aide et par leur tolérance que Le Noir put sauver le crédit de la colonie, dans cette pénible situation.

Nous avons rapporté comment, en 1723, les restrictions imposées par le gouvernement français à la Compagnie furent levées et comment elle devint dès lors une institution particulière au capital de cent douze millions de francs. La conséquence de cet arrangement fut l’envoi à Pondichéry de deux navires chargés de marchandises. L’un d’eux apportait la nomination de M. Beauvallier de Courchant à l’emploi de gouverneur en remplacement de Le Noir. M. Beauvallier prit possession de son emploi le 6 octobre et ne voulut altérer en rien le système adopté par son prédécesseur. Les chargements des deux navires de 1723 ne suffirent qu’à peine à réparer le dommage causé dans la colonie, par deux années d’abandon, et encore ils ne remportèrent que des cargaisons de peu de valeur. Néanmoins depuis cette époque jusqu’en 1726, la Compagnie continua d’envoyer chaque année à Pondichéry trois ou quatre navires, de sorte que le commerce presque éteint de cette colonie, se releva graduellement. Postérieurement à 1726, les progrès furent plus rapides. Les longues années de paix qui, sauf pendant une courte interruption, signalèrent Tadministration du cardinal Fleury, furent d’un grand avantage pour la Compagnie et son établissement de Pondichéry. Le Noir redevenu gouverneur pour la seconde fois, après M. Beauvallier, le 4 septembre 1726, regarda comme un grand progrès sur le passé, d’avoir pu envoyer en Europe, en octobre 1727 et janvier 1728, des marchandises pour une valeur d’environ 2,234,385 francs, soit 900,000 roupies ; mais en septembre 1729 et janvier 1730, le montant des expéditions atteignit le chiffre de 5,404,290 francs (environ 2,170,000 roupies). Cette année fut, il est vrai, exceptionnellement bonne, mais enfin elle atteste les grands progrès commerciaux de la colonie et une véritable résurrection de l’anéantissement dans lequel elle était tombée en 1722 et 1723. En 1725, le capital de la Compagnie avait été réduit de dix millions par suite du retrait de cinq mille actions qui, cette année même, furent annulées et brûlées publiquement en