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BANQUE GÉNÉRALE DE LAW

qui atteignit alors la Compagnie des Indes-Orientales, de donner un aperçu rapide des mesures financières adoptées par Law, avec la sanction du Régent. D’après leurs instructions, on créa par lettres patentes du 2 mai 1716, une banque de dépôt et d’escompte, autorisée à émettre des billets au porteur, payables en espèces au cours du moment. Le capital de cette banque générale s’élevait à six millions de francs, divisés en douze cents actions de cinq mille francs et payables en quatre termes : un quart en numéraire et les trois autres en papier du gouvernement. Le principal but de cette organisation, était de relever le crédit public, en acceptant au pair pour le payement des actions, le papier du gouvernement, qui ne s’escomptait guère qu’à 70 ou 80 pour cent de perte. La banque déclara en même temps que son papier serait payable à vue, au porteur, au cours de l’argent. L’établissement soudain d’une banque sur de telles bases, avec un taux d’escompte comparativement réduit, à une époque où toute confiance avait disparu, eut un effet électrique. Elle fut immédiatement l’objet d’une grande faveur, et un empressement extrême se manifesta pour participer aux avantages qu’elle offrait. La confiance en sa stabilité devint telle, que malgré l’exiguité de son capital de six millions, Law se vit en peu de temps à même d’émettre des billets pour une valeur de quinze ou vingt millions. Le crédit de la banque s’accrut encore par suite de la publication d’un décret en date du 15 avril 1717, ordonnant à tous les agents chargés de l’administration des finances de l’État, de recevoir les billets de banque comme argent, et de les rembourser à présentation, jusqu’à concurrence des ressources de leur caisse.

Le succès de la Banque avait déjà considérablement relevé le crédit de l’État, car la condition de payer les trois quarts des actions en bons du gouvernement avait fait rechercher ces dernières valeurs et les avait remises en faveur. Le réveil du crédit stimula les diverses industries, et le commerce naguère si languissant ne tarda pas à reprendre sa position normale.

Mais ce n’était là qu’un début. Law se sentit encouragé à proposer les plans de spéculation qu’enfantait sa fertile imagination et il les vit accueillis par le régent et le public. Le district de la