perfectionnement ; il agrandit et consolida les fortifications, réunit une garnison de sept à huit cents Européens et dressa le plan d’une grande ville qu’il s’occupa d’édifier sans retard. Un an s’était à peine écoulé que déjà cent nouvelles maisons s’étaient construites et l’aspect de la ville s’étant tellement modifié qu’on n’aurait pu reconnaître en elle l’établissement remis aux Hollandais en 1693. Il ne négligea pas de reprendre ses relations avec les indigènes ; la douceur de ses manières et sa loyauté eurent, comme précédemment, le don de les attirer en grand nombre dans la colonie, de sorte qu’à sa mort, en 1706, la ville indigène passait pour contenir près de quarante mille habitants.
Nous avons dit que lors de l’abandon de Madagascar, en 1672, la direction des afiaires françaises dans l’Inde avait été transférée à Surate. Mais en 1701, moins de trois ans après la reprise de possession de Pondichéry, le commerce devint si peu profitable à Surate qu’on décida l’abandon de cette factorerie ; nous avons vu comment cela se passa. Mais, avant cet épisode peu honorable, des lettres patentes avaient été accordéeis par lesquelles le conseil supérieur des Indes, comme on l’appelait, fut transféré de Surate à Pondichéry, et cette ville devint la résidence du Directeur ou Gouverneur général, revêtu de l’autorité suprême sur toutes les autres factoreries françaises. Presque aussitôt après, Martin fut nommé président du conseil supérieur et directeur des affaires dans l’Inde[1].
Pendant ce temps les opérations de la Compagnie française toujours mal dirigées ne recueillaient pas grand avantage de la paix ; ne pouvant, à cause du mauvais état de ses finances, faire elle-même des expéditions de commerce, elle se vit forcée de recourir à la vente des licences. Avec des capitaux, une bonne direction à Paris, et un Martin à Pondichéry, les Français auraient pu établir dans l’Inde un commerce presque impossible à supplanter et qui aurait admirablement favorisé les projets ambitieux de quelqu’un des successeurs de Martin. Mais, à la fin du dix-septième siècle, les ressources de la Compagnie étaient à peu près épuisées.
- ↑ Lettres patentes signées par Louis XIV en date le février 1701.