Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/493

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
473
TEMPÊTE EN RADE DE PONDICHÉRY

jours de vivres pour les soldats ; il fallait de nouveau considérer la situation. Lally qui, depuis trois semaines, était retenu au lit par la maladie, convoqua un conseil mixte pour délibérer sur les propositions à faire aux Anglais. Les membres du parti opposé à Lally, ne voulant assumer en rien la responsabilité d’une capitulation, éludèrent cette convocation ; mais leur ruse n’eut pas de conséquence, par suite d’un accident imprévu. Le 31 vit éclater dans la rade de Pondichéry une de ces tempêtes qui ne sont pas très-rares sur la côte de Coromandel pendant cette saison. Les effets furent désastreux sur la flotte anglaise ; trois grands vaisseaux furent jetés à la côte à deux milles au-dessous de Pondichéry ; trois autres coulèrent avec quinze cents Européens qu’ils portaient et tous les autres eurent de graves avaries. Les ouvrages du siège ne furent pas épargnés : toutes les batteries et les redoutes élevées par l’armée furent détruites. Les soldats ne pouvant emporter leurs mousquets, les avaient jetés avec désespoir. Les munitions, sauf celles qui avaient été enfermées dans les magasins, furent mises hors d’état d’être employées ; toutes les tentes furent emportées. La confusion était telle que, si la garnison avait fait une sortie, elle n’aurait pas trouvé cent hommes pour s’y opposer. La question en fut réellement agitée dans Pondichéry, et quoique cette opération eût, à cause du vent furieux et de l’inondation causée par l’ouragan, rencontré de grandes difficultés, elle aurait certainement dû être tentée, ne fût-ce que comme dernière ressource. Mais qui pouvait organiser une semblable entreprise ? Lally gisait impuissant sur son lit ; tous ses ordres étaient épluchés, critiqués, mais non exécutés. Quoique l’ennemi fût à leurs portes, les citoyens de Pondichéry étaient encore plus occupés d’entraver le général qu’ils haïssaient, que de s’opposer à l’ennemi qui les menaçait de la destruction. Aucune sortie ne fut faite.

La tempête eut du moins pour résultat de rendre quelque espérance à Lally et à la garnison. Si d’Aché arrivait, ou à son défaut les cinq vaisseaux, la flotte anglaise qui avait déjà souffert, pouvait être détruite. Cette destruction entraînerait la délivrance de Pondichéry, et par suite la suprématie maritime serait obtenue pour au