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SOUPIRE JOUÉ PAR BRERETON

chéry, dans le but de mettre un terme à ces désordres et aussi pour préparer une nouvelle campagne.

En son absence, l’armée commandée par Soupire avait été suivie à Conjeveram par un corps anglais, à peu près d’égale force, sous les ordres du major Brereton, qui avait été investi du commandement que le brave Lawrence venait de résigner. Les ordres de Soupire portaient de ne combattre que s’il était attaqué, et comme il occupait une forte position, l’officier anglais eut soin de ne pas s’exposer à une défaite en l’attaquant dans une situation désavantageuse. Depuis trois semaines, les armées demeuraient ainsi en observation, lorsque Brereton, jugeant avec raison que la meilleure façon de déloger l’ennemi serait d’inquiéter ses communications, leva le camp de Conjeveram et marcha sur Wandewash. Soupire, pressé par le besoin d’argent et de yivres, crut devoir se rendre à Arcate, qui n’est qu’à vingt milles de Wandewash, et se posta sur le Palaur. C’était précisément ce qu’attendait Brereton : il repartit brusquement, et marcha en toute hâte sur Conjeveram, qu’il enleva avant que Soupire eût eu le temps de soupçonner le danger. Lally en reçut la nouvelle au moment où, après une discussion fort orageuse avec le Conseil, il partait à la tête de trois cent cinquante hommes pour rejoindre son armée. Son désir eût été d’aller immédiatement reprendre Conjeveram, mais la pénurie de toutes les ressources nécessaires et le mauvais esprit des officiers ne lui permettaient pas de faire le moindre mouvement agressif. Il fut donc contraint de mettre son armée en cantonnements sur le Palaur, en attendant que l’arrivée prochaine de d’Aché, qui devait apporter des fonds et des approvisionnements, le mit en position de reprendre l’offensive. L’armée anglaise suivit son exemple. Lally était à peine de retour à Pondichéry qu’il tomba gravement malade, par suite sans doute de ses fatigues et de ses chagrins. Il n’en fit pas moins exécuter une expédition qu’il avait projetée contre Elmiseram ; M. Mariol, qui en avait été chargé, ayant réussi, marcha soudain sur Thiagar, importante forteresse éloignée de quinze milles. Les Anglais qui la gardaient furent surpris, et le fort fut capturé le 14 juillet. Parmi les prisonniers se trouvaient quarante soldats anglais.