des Français, de les harceler, d’enlever les vivres sur leur passage ; en un mot de rendre leur retraite impossible dans un pays soulevé.
La position de Bussy était ainsi devenue difficile, et même dangereuse. Il avait à se frayer une route depuis l’extrémité Sud-Ouest du Décan jusqu’à Hydérabad, situé au centre, et de là, s’il était possible, aux districts cédés sur la côte occidentale ; et ce trajet devait s’opérer au milieu d’une population hostile, dans un pays accidenté, avec le Kistna à traverser et une armée considérable à sa poursuite. Une se laissa pas abattre par toutes ces difficultés. Son grand but était d’accélérer sa marche de manière à atteindre le Kistna pendant qull était encore guéable. Ce point une fois gagné, il ne doutait pas d’arriver à Hydérabad. La fortune lui fut favorable, comme elle l’est toujours à ceux qui sont hardis, courageux et qui ne comptent que sur eux-mêmes. Après maintes escarmouches avec les troupes qui se levaient partout aux ordres du ministre, il eut la joie, en arrivant au bord du Kistna, de voir que les pluies, qui menaçaient depuis longtemps déjà, n’avaient pas encore commencé à tomber, et que la rivière était encore guéable. À peine l’eut-il traversée, qu’elle commença à grossir, et, pendant quinze jours, elle opposa à ses ennemis une barrière infranchissable. Grâce à cet avantage, il put ralentir sa marche et ménager ses hommes. Arrivé à Hydérabad, à une distance raisonnable de Pondichéry et en communication facile avec Mazulipatam, il résolut d’y séjourner ; la raison lui conseillait de ne pas se retirer plus loin ; aller à Mazulipatam, c’eût été consommer l’abandon du Décan. Le temps aussi était pour lui : il ne pouvait douter que le craintif et timide soubab, entouré de conseillers dont il se méfiait, ne sentît bientôt combien lui manquait cet appui solide qui ne lui avait jamais fait défaut au moment du besoin. Pressé par diverses considérations, il résolut d’attendre à Hydérabad les renforts qui lui seraient, il n’en doutait pas, envoyés de Pondichéry. La ville étant trop étendue pour qu’il pût la défendre avec aussi peu de forces, il prit position dans le jardin vice-royal de Char-Mahal, terrain entouré de murs, situé à l’angle Nord-Ouest de la ville, sur les bords de la rivière Moussi. Ce jardin renfermait des