hensions[1] qu’éprouvait Clive au sujet du nabab. Ne devait-on pas considérer cette coïncidence de l’arrivée des renforts et de la diversion qui appelait ailleurs le nabab comme un avis providentiel, trop manifeste pour n’être pas écouté ?
Pendant ce temps, Renault, qui avait appris de ses agents l’acceptation des termes du traité, avait regardé la chose comme réglée, et avait cessé de s’inquiéter des mouvements des Anglais. On peut se figurer quelle fut sa surprise, lorsqu’à leur retour, ses députés, au lieu de lui remettre une ampliation du traité, lui apprirent que l’armée et la flotte s’avançaient vers Chandernagor. Quelle que fût son indignation et quoiqu’il fût en droit d’adresser de vives remontrances à son supérieur de Pondichéry pour l’avoir exposé à un pareil danger, Renault se prépara toutefois à l’affronter avec vigueur et courage. Chandernagor était bien pourvu de moyens de défense. Le fort carré appelé le Fort-d’Orléans, situé à une égale distance des deux extrémités de la ville sur le bord même de la rivière, était armé de dix pièces de trente-deux sur chacun de ses bastions. Il y avait sur les remparts, à intervalles égaux entre les bastions, du côté de la rivière et du Sud, des pièces de vingt-quatre. L’angle de courtine du Sud-Ouest était couvert par un ravelin, sur lequel étaient placés huit canons de trente-deux. La terrasse de l’église, qui dépassait les murs du fort, avait été convertie en batterie et armée de six canons. On se mit à faire un fossé extérieur et un glacis, quoique les maisons ne fussent pas encore abattues sur l’emplacement où il devait être établi. Au-dessus de ce glacis, et surtout vers la rivière et le Sud, on avait élevé des batteries qui commandaient toutes les approches du fort. La garnison se composait, comme nous l’avons dit, de cent quarante-six soldats européens et de trois cents Cipayes : de plus, environ trois cents Européens furent armés parmi les habitants et les marins. À la tête de ceux-ci était le capitaine de Vigne, commandant l’un des vaisseaux français, auquel Renault avait confié la défense des bastions.
- ↑ Nous savons que le consentement final de Watsoo fut basé sur une lettre tout orientale du nabab, et qu’il interpréta comme une autorisation de faire ce qu’il lui plairait. Mais une autre lettre, arrivée le lendemain, et qui lui défendait formellement l’attaque de Chandernagor, ne fit pas cesser ses préparatifs, quoiqu’elle lui fît bien connaître la volonté du nabab.