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SAUBINET DÉBARRASSE LE CARNATE

la campagne, resta à Wandewash jusqu’au milieu de septembre. Il apprit alors l’arrivée à Pondicliéry d’une escadre considérable, ayant à bord le chevalier de Soupire, le régiment de Lorraine, cinquante artilleurs et vingt pièces de siège ; c’était l’avant-garde des forces destinées à la conquête de l’Inde par le comte de Lally. Saubinet se décida aussitôt à attaquer immédiatement Ghittaput, qu’il captura après une résistance désespérée, puis il marcha sur Trinomale. Non-seulement ce fort, mais encore plusieurs autres du Carnate, tombèrent au pouvoir des Français, qui furent par là mis en état de lever des contributions dans toutes les parties de la province. Ce ne fut toutefois qu’après l’arrivée du comte de Lally que les Français s’aventurèrent à exécuter le grand projet dont le chevalier de Soupire avait primitivement dû accomplir les premiers actes. Ce plan devait débuter par la prise du fort Saint-David, comme préliminaires de la complète expulsion des Anglais du Carnate. Nous verrons, lorsque nous serons arrivés à cette période émouvante de notre histoire, pourquoi Soupire différa l’attaque, et nous ferons remarquer la prompte et énergique impulsion donnée aux événements par Lally lui-même. À la veille de son arrivée, quittons le Carnate, inondé de troupes françaises. À l’exception d’Arcate, Vellore, Conjeveram, Ciiingleput et des deux sièges du gouvernement anglais, toutes les places fortes du Carnate sont aux mains des Français. Les Anglais, confinés dans Madras et Trichinopoly, voient l’orage prêt à fondre sur leur tête, et sentent qu’ils n’ont aucun moyen efficace de s’en préserver ; nous les laisserons dans cette situation précaire, pendant que nous retracerons, d’une part, le sort de l’établissement français du Bengale, et de l’autre, la marche de Bussy, cueillant toujours de nouveaux lauriers, jusqu’au moment où il fut rappelé du théâtre de ses succès par le nouveau lieutenant-général des armées françaises, pour participer à une entreprise qui devait, il l’espérait ardemment, balayer les Anglais jusque dans la mer.