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IL VEUT LA PAIX À TOUT PRIX

Naïk (devenu plus tard si fameux sous le nom de Hyder-Ali), tournant les forces anglaises, tomba sur les derrières du convoi, et captura trente-cinq voitures chargées de munitions et de vivres. Cette opération détournait l’attention et offrait aux Français une occasion favorable d’attaquer avec des chances de succès. Ce fut en vain que le régent pressa Maissin de le faire, qu’il démontra que la campagne pouvait être terminée par une seule charge ; Maissin fut sourd à toutes les représentations : se reposant sur les secrètes instructions de son supérieur, il alla tranquillement reprendre sa position sur les Cinq-Rochers. Les Anglais mirent à profit ce temps pour faire arriver à Trichinopoly non-seulement le convoi de Lawrence, mais d’autres encore, venus de diverses parties du pays.

Peu de jours après, Maissin, abandonnant tous les postes autour de Trichinopoly, se retira à Mouta-Chellinour, sur le Cauvéri. Il n’eut même pas assez de fermeté pour s’y maintenir lorsqu’au bout de quelques jours Lawrence parut devant cette ville, qui était cependant bien fortifiée, et il recula précipitamment jusque dans Seringham. Les Anglais, satisfaits de ce succès, s’établirent pour, passer la saison des pluies dans les pagodes du Guerrier, à l’Ouest de Trichinopoly.

Godeheu, de son côté, par ses maladroits efforts pour amener à tout prix la paix avec les Anglais, avait fait le plus grand tort aux intérêts français auprès des alliés indigènes. Partout il laissait ses lieutenants dans la plus pénible incertitude. Après une longue hésitation sur le point de savoir s’il fallait retirer son appui au soubab, ou lui laisser de Bussy avec une influence réduite et des pouvoirs restreints, il écrivit enfin, le 16 septembre 1754, qu’il était convaincu de la nécessité de ne pas abandonner Salabut-Jung. Et cependant, dans cette même lettre à Moracin, il laissait pressentir son projet de renonciation aux acquisitions territoriales de la Compagnie, sous le prétexte qu’il préférait un commerce sûr et étendu à tout autre avantage[1]. Ce fut en vain qu’en lui répondant, Moracin l’assura que quiconque lui avait persuadé que la paix et la sécurité d’une partie des possessions françaises seraient mieux ga-

  1. Lettre à Moracin du 16 septembre 1754.