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FRANÇOIS MARTIN

lorsqu’ils servaient l’un et l’autre sous le pavillon hollandais. Ce qui est certain, c’est qu’il était connu à Surate comme un homme dont l’énergie et la discrétion inspiraient toute confiance à Caron, et lors de l’expédition contre la Pointe-de-Galle et Trinquemale il fut regardé comme l’âme de l’entreprise. Quelques personnes ont avancé que si la Pointe-de-Galle ne fut pas prise, ce fut par suite du refus qu’on fît à Martin, qui dirigeait l’attaque, du titre de gouverneur qu’il avait demandé. Mais cette imputation qui ne trouva pas grand crédit à cette époque, a été victorieusemenf réfutée par le reste de sa carrière. Une preuve positive de la confiance qu’il avait inspirée à ceux sous lesquels il servait, c’est que, malgré sa position de subordonné dévoué à Caron, il fut également honoré de l’estime des officiers auxquels ce dernier laissa la direction des affaires : l’amiral Lahaye et M. Baron.

La situation dans laquelle ces fonctionnaires se trouvèrent n’était en rien digne d’envie. Ils avaient provoqué l’hostilité des Hollandais en attaquant leurs possessions, et maintenant ces Hollandais, animés contre eux du désir de la vengeance, étaient maîtres des mers. Ils avaient repris Trinquemale et les Français ne pouvaient guère espérer qu’on leur laisserait la paisible possession de Saint-Thomé. Les deux Directeurs français, dans le but de s’assurer un lieu de refuge en cas de revers, donnèrent à Martin l’ordre de se mettre en rapport avec Shere Khan Lodi, le gouverneur des possessions du roi de Béjapore à Tanjore et dans le Carnate pour en obtenir la concession d’un coin de terre qu’ils pussent appeler le leur. Martin obéit, trouva accès auprès du gouverneur et fut autorisé à acheter un peu de terrain sur le littoral de la province de Gingi près de l’embouchure de la rivière du même nom, et fort au Nord de la rivière Coleroon.

Cet arrangement étant conclu, Martin retourna à Saint-Thomé pour y retrouver les Directeurs qui ne conservaient plus de doutes sur les intentions des Hollandais. En effet, ce n’était plus un secret pour personne que le gouvernement de Hollande, fort irrité de l’attaque contre ses possessions de Ceylan, ne se contentait pas de la reprise de Trinquemale, mais qu’il avait envoyé à ses agents de pressantes instructions pour expulser les Français, même de