rait encore pu finir par triompher ; mais il ne le pouvait. Nous craignons d’être forcé, quand nous reprendrons le récit des vastes négociations qu’il entreprit, de reconnaître que la sentence portée par l’historien français[1] sur celui dont Dupleix, par la grandeur et la flexibilité de son génie, fut en quelque sorte le type et l’avant-coureur, peut aussi lui être appliqué, et nous devrons admettre que si dans la guerre il fut guidé par son génie, en politique il se laissa quelquefois trop dominer par ses passions.
Le premier soin de Dupleix, après avoir reçu les lettres patentes par lesquelles ces quatre provinces étaient transférées aux Français, fut d’y envoyer cent cinquante blancs et deux mille cinq cents Cipayes pour en prendre possession et les protéger ; ces troupes furent placées sous l’autorité de M. Moracin, l’agent français à Mazulipatam. Des données positives établissent que les provinces furent administrées de manière à faire grand honneur aux Français. « L’impôt était modéré, perçu sans rigueur, les comptes tenus avec ordre, et beaucoup des propriétaires héréditaires (sinon même ceux qui avaient des terres exemptes d’impôts) furen t confirmés dans leur possession[2]. » Mais, malgré sa défaite et quoique ses efiorts pour expulser les Français n’eussent servi qu’à leur agrandissement, Syud-Lushkur ne ralentit cependant pas ses manœuvres. Il demeurait ministre et, comme tel, avait de nombreuses occasions de glisser dans l’oreille d’un prince crédule de secrètes calomnies. Il résolut d’agir encore une fois par la crainte sur Salabut-Jung. Il lui représenta que la politique des Français avait toujours été de faire de l’avènement d’un nouveau prince une occasion de profit pour eux ; que dans ce but, ils avaient soutenu Mozuffer-Jung contre Nazir-Jung, et qu’à la mort du premier, ils l’avaient préféré, lui, Salabut-Jung, à l’héritier légitime de Mozuffer-Jung ; il ajoutait que les Français avaient trouvé leur profit à toutes ces transactions, et que maintenant qu’ils avaient’obtenu tout ce qui était possible du prince régnant, ils seraient disposés à prêter Tôreille aux ofl’res que l’ambition dicterait à ses frères, alors en prison. Son espérance était que Bussy, connaissant l’innocence des deux princes, inter-