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INCAPACITÉ DE LAW

échapper à cette situation périlleuse, mais encore transporter en sécurité, à dix milles de Trichinopoly, la partie du convoi qu’il avait avec lui[1].

C’est ainsi qu’échoua Law, et il le méritait bien, dans son premier essai pour arrêter la marche des Anglais. Comme le font les hommes faibles, il avait pris une demi-mesure, et elle fut sans résultat. Dans la crainte de s’exposer à une sortie de la garnison en éloignant une portion notable de son armée, il ne diposa que d’une faible partie, et courut ainsi le danger bien plus grand de la perdre tout entière, car il risquait d’abord d’être battu en détail, et ensuite d’être enveloppé par les forces combinées de Lawrence et de Gingen. Pour éviter un petit danger, il attira sur ses troupes le sort qu’une conduite plus hardie aurait réservé aux Anglais.

C’est dans une crise de cette nature qu’un homme peut être jugé et fait connaître sa valeur. Law échoua parce que, avec toute sa hauteur et son arrogance, il n’avait qu’une intelligence limitée et des vues étroites[2]. Les mesures qu’il prit ensuite ne nous paraissent pas avoir été conçues dans un meilleur esprit. Lorsqu’il reçut du commandant de Coiladdy l’avis qu’il avait été impuissant à arrêter la marche des Anglais, il pouvait encore, puisqu’il commandait la route de Trichinopoly et le pays environnant, réparer, par une attaque combinée son inaction passée ; mais quoiqu’il fût bien renseigné sur les mouvements du major Lawrence, il ne fit rien pour masser ses forces ; elles restèrent dispersées dans les divers postes qu’il leur avait assignées, et quand il apprit que les Anglais avaient dépassé Coiladdy, il se trouva, par sa propre négligence, dépourvu de tous moyens d’opposer de nouveaux obstacles à leur progrès. Cependant, ayant reconnu quel grand avantage acquerraient les Anglais s’ils pouvaient opérer leur jonction

  1. La veille il en avait laissé une portion à Trictapolly, au Sud du Cauveri supérieur, poste appartenant au roi de Tanjore.
  2. Nous savons bien que Law, dans sa Plainte contre le sieur Dupleix, cherche à se justifier ; mais en admettant les faits qu’il allègue, on le condamnerait encore, quand même il n’aurait eu, comme il le dit, que six cents Européens. Il devait, ou pousser le siège, ou marcher à leur tête contre Lawrence. Tout autre parti était préférable à celui qu’il adopta, mais il est clair que puisque, à l’époque de sa soumission, il avait encore huit cents Européens, il devait bien en avoir neuf cents au 7 avril.