Clive, à la tête de sa troupe[1], quitta Madras le 6 septembre, avec rintention d’attaquer cette place et Tespuir d’en prendre possession ; le 11, après une halte d’un jour à Conjévéram, il était à dix milles de la capitale ; il poursuivit sa marche, malgré l’inclémence du temps, et arriva le même jour aux portes d’Arcate, pendant un ouragan d’une violence sans exemple. La nouvelle de son approche l’avait précédé, et la garnison indigène, terrifiée par l’idée de s’opposer à un homme qui osait ainsi défier les éléments, se hâta d’évacuer la ville. Clive y entra donc sans opposition, et prévoyant bien Tefiet que produirait cette capture sur l’ennemi, s’occupa aussitôt de relever et d’améliorer les fortifications.
Cette prise de possession, par les Anglais, de la capitale d’un allié, d’un protégé, surprit et contraria le Gouverneur de Pondichéry, mais ne déconcerta cependant pas son esprit actif et énergique. Si Clive avait compté que son succès smièuerait l’abandon immédiat du siège de Trichinopoly, il dut alors reconnaître qu’il s’était trompé. Dupleix vit, de son regard de diplomate et de général, que, malgré cette diversion, il avait encore pour lui dix chances contre une. Il comprit immédiatement que c’était en pressant vivement le siège du dernier refuge de Mahomed-Ali, de ce Trichinopoly si bien fortifié, qu’il vaincrait Clive dans Arcate. Il employa donc toutes les ressources de son esprit à augmenter en nombre et en force le corps aux ordres de Law. Il lui envoya de Pondichéry des Européens ; de Karical une batterie d’artillerie, et lui représenta, ainsi qu’à Chunda-Sahib, que son devoir urgent était de ne se laisser arrêter par aucune considération devant la nécessité pressante de conquérir Trichinopoly. C’était bien là le vrai moyen de réduire à néant l’acte audacieux de Clive.
Mais malheureusement pour Dupleix, il était mal servi, et nous verrons plus tard quel fut le triste rôle joué par Law. Quant à Chunda-Sahib, il n’eut pas plus tôt appris la prise d’Arcate, qu’il voulut détacher quatre mille hommes de ses meilleures troupes pour aller reprendre sa capitale jterdue. Dupleix, tout en regrettant d’apprendre qu’il eût ainsi réduit les forces assiégeantes, lui
- ↑ Orme rapporte qu’avec Clive il n’y avait que huit officiers, dont six n’avaient jamais vu le feu, et quatre de ces six sortaient des comptoirs du commerce.