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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

Dupleix du seul homme sur lequel il pût compter en cas d’un désastre militaire imprévu.

Le 7 janvier 1751, Mozuffer quitta Pondichéry pour aller retrouver son armée, et le 15 il fut rejoint par de Bussy à la tête de son contingent. Au bout de trois semaines ils entrèrent dans les domaines du nabab de Kuddapah, qui était avec l’armée. Un tumulte, fortuit en apparence, mais en réalité bien prémédité, éclata entre les soldats du soubab et les paysans. Le nabab prit aussitôt le parti de ses tenanciers, et attaqua l’arrière-garde qui servait d’escorte aux femmes du harem.

Mozuffer-Jung, irrité de cette insolence, résolut d’en tirer vengeance, mais désira avant tout s’assurer de l’attitude que prendrait de Bussy. Les instructions de cet officier portaient d’éviter autant que possible toute apparence d’bostilité ; il voulut s’y conformer en essayant de rétablir la bonne harmonie entre les deux chefs. Mais on reconnut bientôt qu’il existait un accord entre le nabab de Kuddapah et ceux de Kurnoul et de Savanore, et que, malgré leur désir de rester en paix avec les Français, ils étaient décidés à saisir cette occasion pour écraser le soubab. Aussitôt que Mozuffer-Jung fut bien renseigné sur leurs plans, il ordonna à ses troupes d’attaquer et appela de Bussy à son secours. Celui-ci, jugeant que son devoir était de le défendre contre les traîtres, répondit à son appel. Mais Mozuffer-Jung, sans donner à l’infanterie le temps de s’avancer, commença l’attaque avec sa cavalerie ; il s’en suivit un combat acharné qui causa de grandes pertes de part et d’autre. Cependant les confédérés conservèrent leur position jusqu’à l’arrivée de Bussy. Quelques décharges d’artillerie et une charge d’infanterie décidèrent le sort de la journée. L’armée rebelle fut enfoncée et s’enfuit en se dispersant, laissant le nabab de Sanavore sur le champ de bataille, et emportant celui de Kuddapah grièvement blessé. Mozuffer-Jung, rendu furieux par la pensée que le principal conspirateur allait lui échapper, laissa les Français en arrière et partit seul sur son éléphant pour le poursuivre. Dans cette course dangereuse, il se rencontra avec le troisième nabab, celui de Kurnoul. Dans le terrible combat corps à corps qui eut lieu entre les deux adversaires, le nouveau soubab eut la cervelle emportée d’un