dant les cinq premières années de son administration, La Bourdonnais avait apporté tous ses soins à fortifier la côte, de sorte que, surtout dans la saison où les vents soufflaient de terre, il y avait peu de probabilités pour qu’une attaque eût quelque succès. Aussi, quoique la petite garnison ne comptât que cinq cents soldats réguliers et mille marins empruntés aux bâtiments du port, les ouvrages de défense étaient si bien disposés, tout annonçait une si ferme résolution de se défendre à outrance que l’amiral, après avoir perdu trois jours à observer la place et à s’informer en vain de la force de la garnison, réunit un conseil de guerre pour délibérer sur l’opportunité d’une attaque. On décida, de concert avec l’amiral, qu’il fallait éviter une tentative dans laquelle la flotte pourrait être mise hors d’état d’exécuter la grande entreprise qu’il ne fallait plus différer, et le lendemain on mit à la voile. La flotte s’étant séparée des vaisseaux hollandais, arriva au fort Saint-David le 11 août, et opéra sa jonction avec celle de l’amiral Griffin.
Cette réunion mit alors sous les ordres de Tamiral Boscawen l’escadre la plus puissante qui eût jamais visité les mers de l’Inde, beaucoup plus nombreuse que celle avec laquelle les Hollandais prirent Pondichéry en 1693, et bien supérieure à celle de La Bourdonnais lors de la conquête de Madras. Outre cet avantage, l’amiral avait encore celui de conserver ses communications parfaitement libres, car aucune flotte hostile ne menaçait d’inquiéter ses opérations ou de lui disputer l’empire de la mer. Il pouvait donc bannir toute crainte d’attaque, et regarder la prise de Pondichéry comme presque assurée. Pour y parvenir, il débarqua une armée qui, réunie aux troupes du fort Saint-David et à douze cents Hollandais envoyés de Négapatam, s’éleva à six mille hommes, dont trois mille sept cent vingt Européens.
Le 19 au matin, il détacha sept cents de ces derniers pour attaquer Ariancopan. Nous avons décrit les préparatifs faits par Dupleix pour mettre ce boulevard de Pondichéry en état de résister à l’ennemi ; ses mesures avaient été si bien prises que les Anglais ignoraient complètement tout ce qui y avait été fait en dernier lieu et, comme les Français l’avaient fait à Cuddalore, ils marchaient avec une confiance qui semblait annoncer la certitude d’une