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toît, peut-être pour qu’ils disparussent avec les derniers rayons du soleil, des lambeaux de vêtements : et comme il s’inquietait, près du dieu, de cette tenue enfin mythologique, “C’est,” repondit Arthur Rimbaud à l’auteur des Exilés, qui dut convenir de la justesse impliquée, certainement, par cette observation et accuser sa propre imprévoyance “que je ne puis fréquenter une chambre si propre, virginale, avec mes vieux habits criblés de poux.” Le hôte ne se trouva correct qu’après avoir adressé des effets à lui de rechange et une invitation à partager le repas du soir, car “l’habillement, outre le logis ne suffit pas, si l’on veut produire des poèmes remarquables, il importe également de manger.”

Le prestige de Paris usé vite ; aussi, Verlaine entre de naissantes contrariétés de ménage et quelque apprehension de poursuite comme fonctionnaire humble de la Commune, certes decidérent Rimbaud à visiter Londres. Ce couple y mena une argiaque misère, humant la libre fumée de charbon, ivre de réciprocité. Une lettre de France bientôt pardonnait, appellant l’un des transfuges, pourvu qu’il abandonnât son compagnon. La jeune épouse, au rendez-vous, attendait une réconciliation avec mère et belle-mère. Je crois au recit superieurement tracé par M. Paterne Berrichon[1] et indique selon lui une scène, poignante au monde, attendu qu’elle compta pour héros, l’un blessé comme l’autre délirant, deux poëtes dans leur farouche mal. Prié par les trois femmes ensemble, Verlaine renoncait à l’ami, mais le vit à la porte de la chambre d’hôtel fortuitement, vola dans ses bras le suivre et n’écouta l’objurgation par celui-ci, refroidi, de n’en rien faire “jurant que leur liaison devait être à jamais rompue” — “même sans le sou” quoique à Bruxelles en vue seulement d’un subside pécuniaire pour regagner le pays “il partirait.” Le geste repoussait Verlaine qui tira, égaré, d’un

  1. La Revue Blanche, 15 Février 1896.