Page:Mallarmé - Préface à Vathek.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

isoler par des formules distinctes et brèves, le faut-il ? et j’ai peur de ne rien dire en énonçant la tristesse de perspectives monumentales très-vastes, jointe au mal d’un destin supérieur ; enfin l’effroi causé par des arcanes et le vertige par l’exagération orientale des nombres ; le remords qui s’installe de crimes vagues ou inconnus ; les langueurs virginales de l’innocence et de la prière ; le blasphème, la méchanceté, la foule… Une poésie (que l’origine n’en soit ailleurs ni l’habitude chez nous) bien inoubliablement liée au livre apparaît dans quelque étrange juxtaposition d’innocence quasi idyllique avec les solennités énormes ou vaines de la magie : alors se teint et s’avive, comme des vibrations noires d’un astre, la fraîcheur de scènes naturelles, jusqu’au malaise ; mais non sans rendre à cette approche du rêve quelque chose de plus simple et de plus extraordinaire.


Bien : ce Conte, tout autre que des Mille et une Nuits, qu’est-ce ; ou quand brilla-t-il, du fait de qui donc ?