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la notation de vérités ou de sentiments pratiquée avec une justesse presque abstraite, ou simplement littéraire dans le vieux sens du mot, trouve à la rampe une vie certaine.

S’il tarde d’en venir à rassembler à propos de danse quelques traits d’esthétique nouveaux, je ne laisserai pas, du moins, cet acte parfait dans une autre manière, sans marquer qu’il a, comme le doit tout produit même exquisement moyen et de fiction plutôt terre-à-terre, par un coin, lui aussi, sa puissante touche de poésie inévitable : dans l’instrumentale conduite des timbres du dialogue, interruptions, répétitons, toute une technique qui fait penser à l’exécution par une musique de chambre de quelque fin concerto de tonalité un peu neutre ; et (je souris) du fait du symbole. Qu’est-ce, sinon une allégorie bourgeoise, délicieuse et vraie, prenez la pièce ou voyez la ! que cette apparition à l’homme qui peut l’épouser, d’une jeune fille parée de beaux enfants d’autrui, hâtant le dénouement par un emblématique tableau de maturité future.


La Cornalba me ravit, qui danse comme dévêtue ; c’est-à-dire que sans le semblant d’aide offert à un enlèvement ou à la chute par une présence volante et assoupie de gazes, elle paraît, appelée dans l’air, s’y soutenir, du fait italien d’une moelleuse tension de sa personne.

Tout le souvenir, non pas ! resté du spectacle récent de l’Éden, faute d’autre poésie : ce qu’on nomme ainsi, au contraire, y foisonne, débauche d’aimable esprit[1]

  1. M. Gondinet, on sait.