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du devoir mais s’il fixe en dedans les yeux sur une image de soi qu’il y garde intacte autant qu’une Ophélie jamais noyée, elle ! prêt toujours à se ressaisir. Joyau inaltérable enfoui sous le désastre !

Mime, penseur, le tragédien interprète Hamlet en souverain plastique et mental de l’art et surtout comme Hamlet existe par l’hérédité en les esprits de la fin de ce siècle : il convenait, une fois, après l’angoissante veille romantique, comme de voir aboutir jusqu’à nous résumé le beau démon, au maintien demain peut-être incompris, c’est fait. Avec solennité, un acteur lègue élucidée, quelque peu composite mais très d’ensemble, comme authentiquée du sceau d’une époque suprême et neutre, à un avenir qui probablement ne s’en souciera pas mais ne pourra du moins l’altérer, une ressemblance immortelle.

L’événement mondain déjà de l’hiver…


Mieux que par l’énonce d’un titre, il m’aurait plu de marquer la reprise opportune encore de la Tour de Nesle et l’installation des Deux Pigeons : mais je ne juge pas hors de propos, à moins que quelque représentation grosse d’un fait parisien tout à coup n’échoie, d’y revenir dans un mois, rencontrant ainsi l’occasion de joindre à des remarques sur le Ballet une étude suggérée par la part que tient la Musique dans le Mélodrame ; ce sont les deux thèmes connexes qui, seuls, importent maintenant, au poëte.

Pour ne pas rester sur des promesses !

Un luxe ne le cédant aux galas me semble en la traîtresse saison toute d’appels dehors, la mise à part, sous la première lampe, d’une soirée chez soi, pour lire. La suggestive et vraiment rare plaquette qui s’ouvre dans mes mains, n’est autre, au demeurant, qu’un livret de