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trise, il ressuscite au degré glorieux ce qui, tout sûr, philosophique, imaginatif et éclatant que ce fût, comme dans le cas présent, une vision céleste de l’humanité ! ne resterait, sans lui, que les plus beaux discours émanés de notre bouche : il y a recommencement sublime à travers un nouvel état, pur, des conditions ainsi que des matériaux naturels de la pensée sis habituellement chez nous pour un devoir de prose, comme des vocables eux-mêmes, après cette différence et l’essor au-delà, atteignant toute leur vertu.

Personne, ostensiblement, depuis qu’étonna le phénomène poétique, ne le résume avec audacieuse candeur que peut-être cet esprit immédiat ou originellement doué, Théodore de Banville ; et une épuration par les ans de son individualité en le vers le désigne aujourd’hui comme un être à part, primitif et buvant tout seul à une source occulte et éternelle : car rajeuni dans le sens admirable selon quoi l’enfant est plus près de rien et limpide ! ce n’est plus comme d’abord son enthousiasme qui l’enlève à des ascensions continues du chant ou de l’idée, bref le délire commun aux lyriques ; mais, hors de tout souffle perçu comme grossier, virtuellement la juxtaposition entre eux des mots appareillés d’après une métrique absolue et ne réclamant de quelqu’un, le poëte dissimulé ou son lecteur, que la voix modifiée suivant une qualité de douceur ou d’éclat, pour parler.

Ainsi comme lancé de soi ce principe qui n’est rien, que le Vers ! attire non moins que dégage pour son jaloux épanouissement, l’instant qu’ils y brillent et meurent dans une fleur rapide, sur quelque transparence comme d’éther, les mille éléments de beauté pressés d’accourir et de s’ordonner dans leur valeur essentielle. Signe, au gouffre central d’une spirituelle impossibilité que quelque chose soit divin exclusivement à tout, le