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de temps en temps[1]. » Remplacez Vaudeville par Mystère, soit une tétralogie multiple elle-même se déployant parallèlement à un cycle d’ans toujours recommencé et tenez que le texte en soit incorruptible comme la loi : voilà presque !

Maintenant que suprémement on ouït craquer jusque dans sa membrure définitive la menuiserie et le cartonnage de la bête, il est vrai, fleurie, comme en un dernier affollement, de l’éblouissant paradoxe des merveilles de la chair et du chant ; ou soit qu’imagination pire et sournoise pour leur communiquer l’assurance que rien n’existe qu’eux, demeurent sur la scène seulement des gens pareils aux spectateurs : maintenant, je crois qu’en évitant de traiter l’ennemi de face vu sa feinte candeur et même de lui apprendre par quoi ce devient plausible de le remplacer (car la vision neuve de l’idée, il la vêtirait pour la nier, comme le tour perce déjà dans le Ballet) véritablement on peut harceler la sottise de tout cela ! avec rien qu’un limpide coup d’œil sur tel point hasardeux ou sur un autre. À plus vouloir, on perd sa force qui gît dans le mystère de considérants tus sitôt que divulgués à demi, en quoi la pensée se réfugie ! mais décréter abject un milieu de sublime nature, parce que l’époque nous le montra dégradé : non, je m’y sentirais trop riche en regrets de ce dont il était beau et point sacrilège de simplement suggérer la splendeur.

Notre seule magnificence, la scène, à qui le concours d’arts divers scellé par la Poésie attribue selon moi quelque caractère religieux ou officiel, si l’un de ces mots a un sens, je constate que le siècle finissant n’en a cure ainsi comprise : et que cet assemblage miraculeux de tout ce qu’il faut pour façonner de la divinité, sauf la clairvoyance de l’homme, sera pour rien.

  1. Lire le merveilleux Journal des Goncourt, livre 1er, dans de récents Figaro