Page:Mallarmé - Notes sur le théâtre.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Éden, employant les deux modes d’art exclusifs un homme de théâtre expérimenté a pris pour thème l’antagonisme que chez son héros participant du double monde, homme déjà et enfant encore, installe la rivalité de la femme qui marche même à lui sur des tapis de royauté, avec celle non moins chère du fait de sa voltige seule, la primitive et fée. Le trait distinctif de chaque genre théâtral mis en contact ou opposé se trouve commander l’œuvre, qui emploie le disparate son architecture même : resterait à trouver les moyens de communication d’ici là. Le librettiste ignore d’ordinaire que la danseuse, qui s’exprime par des pas, ne comprend d’éloquence autre, même le geste.


À moins du génie se disant « La Danse figure le caprice à l’essor rythmique — voici, avec leur nombre, les quelques équations sommaires de toute fantaisie — or la forme humaine dans sa plus excessive mobilité, ou son vrai développement, ne les peut transgresser, étant, ce que je sais, l’incorporation visuelle de l’idée » : cela puis un coup d’œil jeté sur un ensemble de chorégraphie ! personne à qui ce moyen convienne d’établir un ballet. Je connais la tournure d’esprit contemporaine, chez ceux mêmes, aux facultés ayant pour fonction de se produire miraculeuses : il leur faudrait substituer je ne sais quel impersonnel ou fulgurant regard absolu, comme l’éclair qui enveloppe, depuis quelques ans, la danseuse d’Édens, fondant une crudité électrique à des blancheurs extra-charnelles de fards, et en fait bien l’être prestigieux reculé au-delà de toute vie possible.

L’unique entraînement imaginatif consistera, aux heures ordinaires de fréquentation dans les lieux de