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rent en Art, toute la Danse n’étant que de cet acte la mystérieuse interprétation sacrée. Seulement, songer ainsi, c’est à se faire rappeler par un trait de flûte le ridicule de son état visionnaire, quant au contemporain banal qu’il faut, après tout, représenter, par condescendance pour le fauteuil d’Opéra.

À l’exception d’un rapport perçu avec netteté entre l’allure habituelle du vol et des effets chorégraphiques, puis le transport au Ballet, non sans tricherie, de la Fable, reste quelque histoire d’amour : il faut que ce soit, virtuose sans pair à l’intermède du Divertissement (rien n’y est que morceaux et placage), l’émerveillante Mademoiselle Mauri qui résume le sujet par sa divination mêlée d’animalité trouble et pure à tous propos désignant les allusions non mises au point, ainsi qu’avant un pas elle invite, avec deux doigts, un pli frémissant de sa jupe et simule une impatience de plumes vers l’idée.


Un art tient la scène, historique avec le Drame ; avec le Ballet, autre, emblématique. Allier, mais ne confondre ; ce n’est point d’emblée et selon un traitement commun qu’il faut joindre deux attitudes jalouses de leur silence respectif, la mimique et la danse, tout à coup étrangères si l’on en force le rapprochement. Un exemple illustre ce propos : a-t-on pas tout à l’heure, pour rendre une identique essence, celle de l’oiseau, chez deux interprètes, imaginé d’élire une mime[1] à côté d’une danseuse, c’est confronter trop de différence ! l’autre, si l’une est colombe, devenant je ne sais quoi, la brise par exemple. Au moins, très judicieusement, à

  1. Fût-ce l’expressive et gracieuse mademoiselle Sanlaville.