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résulte l’état impersonnel, chez la coryphée et dans l’ensemble, de l’être dansant lequel n’est jamais qu’emblème, point quelqu’un…

Le jugement, ou l’axiome, à affirmer en fait de ballet !

À savoir que la danseuse n’est pas une femme qui danse, pour ces motifs juxtaposés qu’elle n’est pas une femme mais une élémentaire puissance résumant un des aspects analysés de notre forme, fleur, urne, flamme etc., et qu’elle ne danse pas, suggérant, par le prodige de raccourcis ou d’élans, avec son écriture corporelle ce qu’il faudrait des paragraphes en prose dialoguée autant que descriptive, pour exprimer, en la rédaction : poésie dégagée enfin de tout appareil du scribe.

Après une Légende, la Fable point comme l’entendit le goût classique ou machinerie d’empyrée, mais selon le sens restreint d’une transposition de notre caractère ainsi que de nos façons au type simple de l’animal. Le jeu aisé consistait à re-traduire à l’aide de personnages, il est vrai, plus instinctifs comme bondissants et muets, que ceux à qui un conscient langage permet de s’énoncer dans la comédie, les sentiments humains confiés par le fabuliste à d’énamourés volatiles. La danse est ailes, il s’agit d’oiseaux et des départs en l’à-jamais, des retours vibrants comme flèche : à qui n’assiste à la représentation des Deux Pigeons apparaît par la vertu du sujet, cela, une obligatoire suite des motifs fondamentaux du Ballet. L’effort d’imagination pour le trouveur de ces similitudes ne s’annonce pas ardu, mais c’est quelque chose que d’apercevoir une parité même médiocre et le résultat intéresse, en art. Leurre ! sauf dans le premier acte, une jolie incarnation des ramiers en l’humanité mimique ou dansante des protagonistes.