toutes choses disparurent. (Ah ! — aie en l’esprit ceci que le jardin était enchanté !) Le lustre perlé de la lune s’en alla : les bancs de mousse et le méandre des sentiers, les fleurs heureuses et les gémissants arbres ne se firent plus voir : des roses mêmes l’odeur mourut dans les bras des airs adorateurs. Tout, — tout expira, sauf toi, sauf moins que toi, sauf seulement la divine lumière en tes yeux, sauf rien que l’âme en tes yeux levés. Je ne vis qu’eux ; — ils étaient le monde pour moi. Je ne vis qu’eux, — les vis seulement pendant des heures, — les vis seulement jusqu’alors que la lune s’en alla. Quelles terribles histoires du cœur semblèrent inscrites sur ces cristallines, célestes sphères ! Quelle mer silencieusement sereine d’orgueil ! Quelle ambition osée ! pourtant quelle profonde, quelle insondable puissance pour l’amour !
Mais voici qu’à la fin la chère Diane plongea hors de la vue dans la couche occidentale d’un nuage de foudre : et toi, fantôme, parmi le sépulcre des arbres, te glissas au loin. Tes yeux seulement demeurèrent. Ils ne voulurent pas partir ; — ils ne sont jamais partis encore !
Eclairant ma route solitaire à la maison cette nuitlà, ils ne m’ont pas quitté (comme firent mes espoirs) depuis. Ils me suivent, ils me conduisent à travers les années. Ils sont mes ministres ; pourtant je suis leur esclave. Leur office est d’illuminer et d’embraser ; — mon devoir, d’être sauvé par leur brillante lumière, et purifié dans leur feu électrique, et sanctifié dans leur feu élyséen. Ils emplissent mon âme de beauté (qui est espoir), et sont loin, au haut des cieux, — les étoiles devant qui je m’agenouille dans les tristes, taciturnes veilles de ma nuit ; tandis que, même dans le rayonnement méridien du jour, je les vois encore, — deux suaves, scintillantes Vénus, inextinguibles au soleil.