Étudions, isolément, quelques héros. Sarpédon a son
histoire : comme Achille, Méléagre, Sigurd et d’autres
mythes, il est voué à une mort précoce, que Zeus, son
père, essaye en vain de détourner. Le voilà, combattant
bravement, percé par la lance de Patrocle, ami d’Achille ;
les larmes de Zeus (ou du Ciel) tombèrent en larges
gouttes de pluie, à cause d’un sort qui n’était pas celui
de cet âge. Phoïbos baigna enfin le cadavre de Sarpédon
dans les eaux pures du Simoïs ; et Hypnos et Thanatos
Fig. 218. — Énée.
(le Sommeil et la Mort), sur
l’ordre de Zeus, le portèrent,
à travers les heures tranquilles
de la nuit, dans sa demeure
lointaine de Libye.
Vous devinez la signification de cette histoire ? Sarpédon est un nom issu de la même racine qu’Hermès, Hélène, Erinnys, Saranya, et notre mot « serpent » ; et indique la lumière du matin quand elle rampe à travers le ciel. Ce guerrier est, comme Phoïbos, roi de Lycie (la terre brillante, nom qui appartient à la même famille que Délos, Ortygie, Argos, l’Arcadie, Athènes, la Phénicie et l’Éthiopie) : le Xanthe la traverse, fleuve doré de la lumière.
L’ami du héros s’appelle Glaucos, le brillant. La mort de Sarpédon et l’enlèvement de son corps, pendant la nuit, répondent au voyage nocturne d’Hélios dans sa coupe ou son vaisseau d’or le long du fleuve Océan, qui coule autour du monde des hommes : et la même idée, légèrement altérée, se retrouve dans le voyage des Argo-