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Calydon perdirent du terrain et furent constamment défaits, jusqu’à ce que la femme de Méléagre, Cléopâtre, le décida à se produire. Aussitôt qu’il apparut, les ennemis se mirent en déroute : mais les hommes de Calydon ne voulurent pas lui donner de prix ; et Méléagre se retira de nouveau dans ses appartements secrets. Althée, que l’humeur taciturne de son fils rendait plus courroucée encore, alla chercher le brandon et le jeta dans le feu. Comme le bois se consumait, la force de Méléagre déclina ; et la dernière étincelle éclatant, il mourut. La mort d’Althée et de Cléopâtre suivit de près celle de ce grand héros.

La vie de Méléagre, c’est la vie du soleil, ou l’existence unie à cette torche du jour ; quand la torche se consume, il meurt. Cette histoire, elle aussi, ressemble à d’autres. Méléagre est identique à Persée, à Phoïbos, à Céphale, etc., en beauté et en force, dans ses actes bienveillants et dans la brièveté de sa vie ; ainsi que par ses accès d’action et d’inaction, il ressemble tout à fait à Achille et à Pâris. Qu’est-ce que cette inaction ? Le temps que le soleil passe derrière le voile des nuages, d’où il surgit soit pour gagner la victoire, comme Achille et Odyssée (l’Ulysse latin), soit pour mourir comme Méléagre et Héraclès. Alors qu’est-ce qu’Atalante ? Un être que l’on peut comparer à Daphné et à Artémis, mythes dont elle porte la lance infaillible : elle vient censé d’Arcadie, parce que, comme Délos, Lycie, Phénicie, et d’autres termes, le nom de cette terre est un mot qui, originairement, désigna éclat et splendeur. Althée, maintenant, pourquoi devait-elle, après avoir retiré le brandon du feu, l’y rejeter ? Les vieilles légendes disant