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et rabattue en la pureté d’âmes, elle en pouvait jaillir, comme hymne inconscient au jour qui se délivre.. À quoi bon le décor, s’il ne maintient l’image : le traducteur humain n’a, poétiquement, qu’à subir et à rendre cette hantise.


L’attrait majeur qu’exerce sur moi la tentative de M Dujardin vient incontestablement de son vers. Je veux garder, à un emploi extraordinaire de la parole qui, pour une ouïe inexperte, se diluerait, quelquefois, en prose, cette appellation. Le vers, où sera-t-il ? pas en rapport toujours avec l’artifice des blancs ou comme marque le livret : tout tronçon n’en procure un, par lui-même ; et, dans la multiple répétition de son jeu seulement, je saisis l’ensemble métrique nécessaire. Ce tissu transformable et ondoyant pour que, sur tel point, afflue le luxe essentiel à la versification où, par places, il s’espace et se dissémine, précieusement convient à l’expression verbale en scène : un bonheur, davantage ; je touche à quelque instinct. Voici les rimes dardées sur de brèves tiges, accourir, se répondre, tourbillonner, coup sur coup, en commandant par une insistance à part et exclusive l’attention à tel motif de sentiment, qui devient nœud capital. Les moyens traditionnels notoires se précipitent ici, là, évanouis par nappes, afin de se résumer, en un jet, d’altitude extrême. Aisément, on