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succession des extériorités de l’acte sans qu’aucun moment garde de réalité et qu’il se passe, en fin de compte, rien.

Le vieux Mélodrame occupant la scène, conjointement à la Danse et sous la régie aussi du poëte, satisfait à cette loi. Apitoyé, le perpétuel suspens d’une larme qui ne peut jamais toute se former ni choir (encore le lustre) scintille en mille regards, or, un ambigu sourire dénoue la lèvre par la perception de moqueries aux chanterelles ou dans la flûte refusant la complicité à quelque douleur emphatique de la partition et y perçant des fissures d’espoir et de jour : avertissement même si malicieusement il cesse et je consens d’ attendre ou de suivre, au long du labyrinthe de l’angoisse que mène l’art — vraiment non pour m’accabler comme si ce n’était assez de mon sort, spectateur assistant à une fête ; mais me replonger, de quelque part, dans le peuple, que je sois, au saint de la Passion de l’Homme ici libéré selon quelque source mélodique naïve. Pareil emploi de la Musique la tient prépondérante comme magicienne attendu qu’elle emmêle et rompt ou conduit un fil divinatoire, bref dispose de l’intérêt : il éclairerait les compositeurs prodigues au hasard et sans le sens exact de leur sonorité. Nulle inspiration ne perdra à connaître l’humble et profonde loi qui règle en vertu d’un instinct populaire