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vient d’un mot qui veut dire tas et celui-là d’un mot qui indique couper : mais la filiation de vocables n’offrant qu’une analogie tout extérieure est principalement à éviter. Le Mot, dans sa personnalité si difficile à reconnaître, il faut en revenir à cela : quoique la Famille en compte de très divers, mais qui, tous, gravitent autour de quelque chose de commun. Simplement ne pas croire, en lisant un groupe, que les différents vocables rapprochés viennent fatalement les uns des autres; cela se peut faire, mais antérieurement à l’Anglais et ne vous préoccupe donc pas. Un lien, si parfait entre la signification et la forme d’un mot qu’il ne semble causer qu’une impression, celle de sa réussite, à l’esprit et à l’oreille, c’est fréquent; mais surtout dans ce qu’on appelle les onomatopées. Le croirait-on : ces mots, admirables et tout d’une venue, se trouvent, relativement aux autres de la langue (exceptons ceux comme to Write, écrire, imité du bruissement de la plume dès le Gothique writii), dans un état d’infériorité. Pourquoi : faute de titres nobiliaires et immémoriaux; après plusieurs siècles d’existence, de tels vocables, qui ne sont point d’une race quelconque, paraissent nés d’hier. Vos origines ? leur demande-t-on; et ils ne montrent que leur, justesse : il faut ne pas les humilier, cependant, car ils perpétuent dans nos idiomes, un procédé de création qui fut peut-être le premier de tous. Ces tard-venus causent, à qui veut distribuer une langue en familles, quelque embarras : car de fait ils n’appartiennent à aucune Famille. Historiquement, c’est vrai; logiquement, point cependant : et voici pourquoi les autres vocables montrent, eux aussi, plus d’une analogie du sens à la forme. Si de tels rapports que ceux fournis par un alphabet unique et des milliers de significations offrent nécessairement entre eux certaine similitude, à plus forte raison avec un mot juste, issu tout fait de l’instinct du peuple même qui parle la langue. Quelques onomatopées se trouveront donc presque toujours rangées ici dans les Familles; rarement dans les Mots Isolés, car peu existent sans quelque liaison ici ou là ; la liaison se fera attache. A moins toutefois que ces inventions de la parole (quelquefois contemporaine) ne revêtent un caractère exceptionnel comme to fillip, frapper de l'ongle, to giggle, étouffer de rire, to mumble, marmotter, etc., etc., ceux comme hurly-burly, brouhaha, etc., ou des interjections tut! pshaw! baK! et chut! dont je préfère me débarrasser tout de suite. La stricte observance des principes de la linguistique contemporaine cédera-t-elle devant ce que nous appelons le point de vue littéraire, ou de la langue une fois cultivée; rien, à proprement parler, de semblable ici : qu’il s’agit de l’âme même de l’Anglais. Notre classification quelquefois s’étend