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l’Ouest, Wesscx; entre quoi se fit jour le Mercien, produisant le Midland, parlé depuis lors dans les comtés à l’ouest de la chaîne du Pennie ainsi que vers l’Est, et dans tout le district du Midland avec la Tamise au Sud pour limite. Le Northern ou septentrional, c’est donc le patois des Lowlands d’Ecosse, des Northumberland, Durham et presque tout Yorkshire; le Southern, ou méridional, c’est le patois parlé en Somersctshire, Gloucestershire, des portions du Herefordshire et du Worcestershire : car ce qui parut dialecte devint là, comme partout, patois, une fois la suprématie reconnue d’une langue. Tout son passé plus haut évoqué, il y aurait injustice à quitter le vieux langage du Nord, sans jeter aussi les yeux sur son avenir. L’Ecosse, au xve siècle, se fait royaume, événement historique qui redonne une vigueur à l’antique Northumbrian, maintenant l’Écossais : un poète comme toujours apparaît, sacrant l’Écossais, Dumbar. Animé du feu lyrique des premiers hymnes, avec sa chanson Burns et Walter-Scott dans maint dialogue qui interrompt la langue de ses romans, rajeunissent la vieille gloire de leur patois natal. Digression que ceci; non, car insister sur le caractère taciturne et patriote des dialectes, hostiles à tout mélange avec l’idiome imposé par le continent, c’est montrer la cause d’un fait considérable : le retour aux traditions et au vestige du langage indigène, avec la naissance de l’Anglais du Roi. Sous Henri III, au moment du triomphe des barons, ces chefs, anxieux d’expliquer au peuple leur conduite, ne trouvent rien de mieux pour se faire comprendre, que l’emploi du parler vulgaire jadis méprisé d’eux. Henri III, lui-même à plusieurs comtés d’Angleterre adresse une proclamation en Anglais à dessein entaché de provincialisme en 1258. Quatre-vingt-dix ans plus tard, ce n’est toutefois pas avant 1362 que, par un édit exprès, l’Anglais se trouve officiellement promulgué. Comme un langage vivant tout organisé et tout cultivé ne peut, cependant, plaire à un Parlement et surgir! il sied (ainsi que je l’ai fait) de rapporter, autant qu’à cet acte royal servant de sanction, l’existence, durable et neuve, de l’Anglais du Roi au prince de la langue, Chaucer. Shakespeare, Milton, Shelley et Byron et tant de merveilleux prosateurs, voilà des génies qui se sont, à travers les siècles, transmis le trésor double du langage ici étudié; sans qu’aucun de ces maîtres n’ait tenté par un patriotisme mal entendu, de séparer dans la langue l’élément barbare de l’élément classique, c’est-à-dire français : tous tirant des effets très beaux de l’indissoluble hymen qui a fait de l’Anglais le plus singulier et l’un des plus riches d’entre les idiomes modernes. Le vieux parler de la métropole a