Que ce soit en tant qu’hémistiche d’un vers ou rimes de deux, les mots de chez nous, reconnus dans ces petits fragments, montrent une intention certaine de s’isoler : tant la sensibilité radicale de la langue, ses pudeurs ou ses tendances, se manifestent dans la poésie, toujours prise par cette Étude comme le type le plus juste du parler propre à une époque! Longtemps et surtout dans Chaucer, qui inaugure l’Anglais du Roi, s’affirme le dualisme anglo-français, impliquant parfois union profonde de l’un et l’autre de ses éléments par une mode de rhétorique singulière : elle consiste à répéter la même idée en une expression conjointe, ou originaire; d’ici comme pour le lecteur saxon, de là comme pour le lecteur normand, s’il est encore des Saxons et des Normands, autres que les Anglais. Exemple : ACT AND DEED, HEAD AND CHIEE, MIRT1I AND JOLLITY, STEEDES and palfreys. Singulière figure que cet accouplement, consacrant par la sanction attribuable à des écrits (chefs-d’œuvre et honneur de l’Anglais) la double origine de cette langue : une des formes de style les plus exquises de la poésie anglaise moderne en provient, placer un nom entre deux adjectifs ; car l’ancêtre magistral dont il est ici question a d’abord dit : I see the woful day fatal corne simplement afin que la fatalité s’attachant à ce jour frappât également, quelle que soit leur naissance, les uns et les autres parmi les admirateurs du vers. Une expression, dont il a été fait usage à l’instant, n’a pu rester inaperçue de maint lecteur, l’Anglais du Roi; quel roi ? c’est le roi Édouard III et quel Anglais ? c’est l’Anglais, celui que parlera toute la société polie et aussi le peuple jusqu’au temps d’Élisabeth et du Théâtre anglais. Quelques explications, relatives à l’apparition d’une langue nationale et stable, inaugurée par les derniers d’entre les chefs-d’œuvre littéraires dont on vient d’apercevoir des extraits, mènent à reprendre les choses à peine de plus haut. La traduction de la Bible par Wiclif et le Piers Plowman, deux œuvres importantes, fournissent surtout des spécimens des dialectes anciens : car des dialectes ont régné durant la confusion qui précéda l’Anglais tout comme en France, lors de la formation de notre langue. Quoique chaque localité, dans l’adhésion de plus en plus étroite du peuple à son parler indigène, universellement adoptât, pour mieux éluder le Français à la faveur du charme exercé par un jargon du crû, mille expressions de clocher, on peut ramener tout à de grands dialectes principaux, les deux que l’histoire de l’Anglo-Saxon a toujours vus en présence l’un de l’autre : l’ancien Northumbrian, Englisc pur, et l’ancien Saxon de