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barbares à manier habilement l’instrument, complexe et riche, aux six cas ! Du Latin comme détérioré peu à peu aux lèvres de barbares; ainsi apparaît donc ce Français; bien, mais un tel changement dans quel sens ? La grammaire omise, quoiqu’une allusion aux cas tombés sauf deux oblige de constater la naissanee des prépositions à mettre avant le nom, ainsi que de particules analytiques, telles qu’un article, etc., l’aspect nouveau des mots, seul, reste à déterminer. Moins sonore, car les lettres ne se prononçaient plus isolément mais s’aggloméraient en diphthongue offrant quelque chose de corrompu, comme oi, ail, etc., ou de neutre et de stable, comme eu, ou, ete. ; et plus assourdie au fur et à mesure qu’elle avançait au Nord, la langue d’Oil perdit le caractère latin bien plus promptement que la langue d’Oc (oui aussi), parler des provinces du Midi apparenté à ces sœurs tardives, l’Italien et l’Espagnol. Quelque chose comme de la paresse à prononcer tout le vocable dont la fin point accentuée se perdait dans le vague et s’évanouissait; ou même à en articuler chaque consonne, une d’elles tombant et laissant les deux voyelles d’avant et d’après s’unir en un son complexe et récent : sommairement et au fond, voilà... Trois siècles avaient suffi pour que, du peuple où s’élabora mystérieusement ce langage, il passât chez les prêtres et chez les grands : Hugues Gapet ignore le Latin. Tous les vocables de l’idiome nouveau, alors langue Romane (nom qui s’applique aujourd’hui à chacune des langues de la famille entière) provenaient-ils du Latin; point : aux Gallo-Romains se joignaient, pour s’en servir et l’altérer, les Francs envahisseurs venus de Germanie. Termes politiques et judiciaires, ou de guerre, au nombre presque d’un millier, ceux-là avec infiniment peu de noms de plantes, d’animaux ou d’objets familiers laissés par le Celte; c’était, aux commencements, tout l’apport étranger. Les Gaulois avaient reçu de Jules-César une nationalité; avec les vocables introduits par le Romain vainqueur et longtemps par eux-mêmes essayés, ils se firent une langue propre. § 4. Lutte de l’Anglo-Saxon et de la Langue d’Oii. ET LEUR FUSION EN l’ÂNGLAIS. Tels, ces deux éléments linguistiques qui allaient, sur le même champ de bataille que les Normands et les Anglo-Saxons, lutter; puis longtemps après, dans les châteaux et les villages, se fondre. Idiomes malléables et où n’a rien cessé encore de la vertu de se développer, mais chacun déjà doué d’une stabilité suffisante pour représenter un état dans son histoire; la