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viiie siècle, le Nord avec l’Est de l’Angleterre actuelle; aux Saxons, l’Ouest, ainsi que le Sud : on n’a conservé de notion concernant les Jutes, sinon qu’ils habitèrent l’îJot de Wight et une partie du Kent. Le royaume Jute de Kent fut le premier à recevoir l’Évangile, l’Église y fleurissant dès avant la conversion du royaume angle de Northumbrie, qui acquit, en tant que chrétien, la prépondérance sur tout le reste. Véritablement, une seconde fois, le Latin, beaucoup plus connu peut-être au déclin du Celte qu’on ne le dit, risqua, par les missionnaires, de se répandre dans la contrée; mais l’Anglo-Saxon, à l’invasion duquel l’Anglais actuel doit probablement de n’ètre pas devenu, deux siècles avant, un des idiomes romans (comme c’était réservé au Français, à l’Italien ou à l’Espagnol) une fois de plus tint bon, consacré par des ballades et des morceaux d’éloquence. Les mots latins qu’apportèrent les prêtres et les saints, leur survécurent : mais rares et détériorés en la langue du pays. Le chroniqueur déjà cité *, dont la plume adopta le Latin, préparait de son travail, quand il mourut, une traduction : il parle, dans le texte original où se résume tout le passé de la race, d’un poëte son contemporain, Cedmon, auteur de chants considérables sur la Création, la Chute et la Rédemption. Au monastère de Whitley, régi par la fameuse abbesse Hilda, revient d’avoir abrité le chantre de cette belle Trilogie, dont il ne reste qu’une version tardive en Saxon : c’est dire l’influence exercée sur le développement d’une littérature nouvelle par le christianisme; en même temps que le site précis, cette Northumbrie, illustrée par d’autres hymnes, par de vieux chants héroïques et des épopées nationales comme le Beowulf. Benedict Bishop et Alcuin étaient Saxons de Northumbrie. Quel irréparable malheur, la perte de tels manuscrits, causée par les ravages, au IXe siècle, des derniers envahisseurs Danois : tout périt, et la gloire obscurcie déjà des Angles, laissant au moins ces mots Wessex, Essex, Sussex, Middlesex. Autant d’appellations qui contiennent celle de Saxon, en effet : mais cela se borne au langage géographique, l’Anglo-Saxon d’alors n’étant jamais désigné que par le premier des deux termes qui forment aujourd’hui son nom. Le déplacement de toute prépondérance ne se fit véritablement du Nord resplendissant au Sud obscur qu’après les Danois chassés de ce dernier point par Albert-le-Grand, qui y régna. Plus soldat que lettré, le Wessex, se contentait alors d’une traduction des Psaumes de David, composée par Aldhelm, un siècle avant, ainsi que de quelques hymnes de ce saint personnage : tout à coup, s’inaugure une ère admirable de