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Version des Evangiles, par Ulphilas, en Mœso-Gothique; fragment du parler de cette époque. Invasion de l’Ile-de-Bretagne au parler Celte, par les Anglais et les Saxons. Vestiges du Latin de Jules César et du Celte dans l’Anglo-Saxon devenu la langue du pays; les Jutes. Trois dialectes. Le Christianisme et le Latin des Missionnaires. Période brillante de Northumbrie : Bœda, ses Chroniques; Cedmon, sa Trilogie. Ravageurs Danois, et nouveau dépôt Scandinave dans la langue. Période glorieuse de Wessex, avec Alfred-le-Grand. Même fragment que tout-à-l’heure, en Anglo-Saxon de maintenant. Comparaison : Vestiges encore de Déclinaisons, mais Préposition devant les Noms. Beauté et maturité de ce parler national. § 3. Lors de l’Invasion Normande, où en était le Français ? Ses quatre dialectes, dont le Normand. Fragments dans cette langue (l’un postérieur, l’autre antérieur, d’un siècle) pris à la Chanson de Roland et à la Cantilène de Sainte-Eulalie. Traits de ressemblance avec le Français du XIXe siècle, et le Latin. Vestige de Déclinaison, et Préposition devant les Noms. Caractères spéciaux; dont l’un est une paresse à proférer les Vocables. Origines Gallo-Romaines : l’invasion franque, l’oubli du Celtique. § 4. Tels les deux éléments linguistiques, à la Conquête : malléables encore et déjà stables; leur lutte de la Bataille d’Hastings aux Contes de Cantorbéry : date médiane (entre 1042 et la fin du xvie siècle) : soit 1250. L’Anglo-Saxon perd ses désinences casuelles que ne garde pas non plus l’idiome envahisseur. Dualisme du langage, celui des vainqueurs et des vaincus. Dernier Éclat de la Littérature Anglo-Saxonne, avec le Brut de Layamon et V Ormulum (àlOrm). Triomphe du Français introduit, mais il se déforme; exemples. Juxtaposition des deux langues dans un même vers, même dans certaines figures de style propres à Chaucer. L’Anglais du Roi (Édouard III) règne, ayant absorbé tout l’élément Normand-Érançais : en un parler indissolublement un. Tentative patriotique des Dialectes, la Traduction de la Bible, par Wiclif, et le Poème de Piers Plowman; depuis le xive siècle ce sont des Patois : l’un d’eux aura Dumbar et Burns, et parfois Walter Scott. L’Angleterre aura Shakespeare, Milton, Byron, etc. ; V Amérique, Poe, Longfellow, etc. : aucun de ces dépositaires de l’âme nationale ne songe à séparer les deux éléments conjoints qui font la beauté de leur langue.