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rêves. Je crois tout cela écrit dans la nature de façon à ne laisser fermer les yeux qu’aux intéressés à ne rien voir. Cette œuvre existe, tout le monde l’a tentée sans le savoir; il n’est pas un génie ou un pitre, qui n’en ait retrouvé un trait sans le savoir. Montrer cela et soulever un coin du voile de ce que peut être pareil poëme, est dans un isolement mon plaisir et ma torture. SUR UN LIVRE DU COMTE DESPLACES Il me paraît fort heureux que nous soyons, l’enquête déterminée par le livre de M. le comte Desplaces l’établit et les journaux sont en position de le savoir mieux que personne, paraît-il, dans un état de crise morale : autrement, certes, nous ne serions pas, du tout. Une crise est la santé, autant que le mal; éclat, avec quelque souffrance, toujours, pour s’imprimer profondément. Aux générations, sans fin, s’ouvre une blessure, une autre se referme. Notre honneur, j’en conviens, est de sembler à découvert des côtés à la fois social et idéal, du seul fait qu’on les divise. SUR LA LITTÉRATURE SCANDINAVE yl F. Fénéon. Une enquête telle qu’on ne peut s’en tirer que par une pirouette ou un jeté-battu : je mettrai les pieds dans le plat. Laissons toutes littératures étrangères — notre romantisme et vingt ans récents de vies paraîtraient en jeu — autres que celle Scandinave, à quoi je retiens l’allusion. Mon sens est que ce Nord influença jusqu’ici les chevelures, quelques fronts et des yeux, comme montre une salle de théâtre; mais il faut à ces signes extérieurs intimes une durée considérable, la génération, voire plusieurs, pour se transporter au livre, objet, d’abord, fermé. Le poëte puise en son Individualité, secrète et antérieure, plus que dans les circonstances même exaltant celle-ci, admirables, issues du loin ou simplement du dehors.