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ces préliminaires, pensa-t-il, pour bannir selon d’inutiles mots, ou, par un rythme de phrase propre à la voix effacer, comme d’un pli de robe, ce qui, dans une salle et partout, reste de discours vain — avant que n’écoute le Public.

SUR MADAME GEORGETTE LEBLANC

Mme GEORGETTE LEBLANC produit, dans Schumann et Schubert puis le Gabriel Fabre intimant Maeterlinck et van Lerberghe en matinée, à la Salle des Fêtes du Journal, une évidence, d’art. L’unique fois, hors les conventions de théâtre, on a besoin de regarder la cantatrice. A l’encontre de la loi que le chant, pur, existe par lui, rend l’exécutant négligeable, une interprète, de très loin, revient, avec mystère, s’y adapter, plus comme instrument, ni actrice, en tant que le spectacle humain visible, ou personnage, de la Voix qui baigne une face expressive, ruisselle, avant dispersion, au vol nu aussi de bras, les exalte et mesure ou s’écoule en la sombre tunique selon des attitudes que je nommerais d’une mime musicale, sauf qu’elle-mème est la source lyrique et tragique. Un Drame, ordinaire à tout éclat vocal, se joue — directement et individuellement, non; réglé par les conflits mélodiques — au travers. L’étrange et passionnante femme accentue la notion que l’art, dans ses expressions suprêmes, implique une solitude, conforme, par exemple, au mouvement, pour étreindre quelqu’un n’existant qu’en l’idée et vers qui le cri, de rabattre un geste ployé et le contact de mains sur sa poitrine à soi. Toute une volonté se compose harmonieusement aux dons plastique et d’organe, ici souverains.